« Toute œuvre littéraire qui aspire, si humblement soit-il, à s’élever à la hauteur de l’art doit justifier son existence à chaque ligne. Et l’art lui-même peut se définir comme la tentative d’un esprit individuel pour rendre le mieux possible justice à l’univers visible, en mettant en lumière la vérité diverse et une que recèle chacun de ses aspects. C’est l’effort fait pour découvrir dans ses formes, dans ses couleurs, dans sa lumière, dans ses ombres, dans les aspects de la matière et les faits de la vie même, ce qui leur est fondamental, ce qui est durable et essentiel — leur qualité la plus évocatrice et la plus convaincante — la vérité même de leur existence. L’artiste donc, aussi bien que le penseur ou l’homme de science, recherche la vérité pour la mettre en lumière. Séduit par les dessous du monde visible, le penseur s’enfonce dans la région des idées, l’homme de science dans le domaine des faits, dont ils dégagent les…
« Comme toutes ces applications sont immédiatement relatives aux intérêts sociaux, ou à l’analyse des opérations de l’esprit humain, et que, dans ce dernier cas, elles n’ont encore pour objet que l’homme perfectionné par la société, j’ai cru que le nom de mathématique sociale était celui qui convenait le mieux à cette science. Je préfère le mot mathématique, quoiqu’actuellement hors d’usage au singulier, à ceux d’arithmétique, de géométrie, d’analyse, parce que ceux-ci indiquent une partie des mathématiques, ou une des méthodes qu’elles emploient, et qu’il s’agit ici de l’application de l’algèbre, ou de la géométrie, comme de celle de l’arithmétique ; qu’il s’agit d’applications dans lesquelles toutes les méthodes peuvent être employées. D’ailleurs la dernière expression est équivoque, puisque le mot analyse signifie tantôt l’algèbre, tantôt la méthode analytique, et nous serons même obligés d’employer…
L’équivalent anglais overseas, apparu semble-t-il à la fin du XVI e siècle, au moment de l’exploration européenne du monde, a aussi été une forme atténuée de « colonial » pour les Britanniques, tout en étant aujourd’hui dans le monde anglophone aussi utilisé pour évoquer l’étranger. Il faut dire qu’en français, « outre-mer » s’est maintenue par le truchement des DOM-TOM, les départements et territoires d’outre-mer, créés en 1946, et qui après la décolonisation de l’Afrique en 1958 se sont retrouvés être les seuls à porter officiellement ce nom, comme dernières possessions françaises hors d’Europe. Et quand bien même, depuis la révision constitutionnelle de 2003, les DOM-TOM n’existent plus, puisqu’il faut parler de DOM/DROM-COM (département et/ou région d’outre-mer-collectivité d’outre-mer) et de la Nouvelle-Calédonie, force est de constater qu’on continue d’utiliser le terme « domtom », dont le succès, la pérennité et…
Je n'avais pas lu Aragon mais j'avais personnellement accueilli les plus grands architectes français, avec leurs écharpes en cachemire de Chandigarh, leurs lunettes excentriques et leurs cheveux défaits - à l'exception de l'un d'eux, sans doute le plus célèbre, parfaitement chauve et qui semblait avoir été redessiné par Starck, avec son crâne pointu et ses oreilles elfiques. Il y a là deux Pritzker et sept Équerre d'argent, les auteurs de plusieurs bâtiments à plus d'un milliard d'euros, des vétérans des grands travaux mitterrandiens, des contributeurs remarqués à l'écriture de la skyline new-yorkaise comme des théoriciens de la ville du XXIe siècle. Ils avaient presque tous écrit des manifestes que j'avais lus, et tous avaient rapporté des réponses décisives au malaise des banlieues, à la crise de la représentativité politique, à l'urgence écologique et au désenchantement du monde. Ils avaient pensé la ville, et le Grand Paris était presque trop petit…